Mais le monde paraît si différent vu d’ici…
En 1989, Robin Williams, debout sur une table, nous rappelait : “Nous devons constamment voir les choses différemment.” Une scène mythique du Cercle des poètes disparus qui a marqué mon enfance, et qui résonne encore aujourd’hui dans ma quête photographique. Voir autrement, déplacer le regard, c’est un moteur, autant pour mes clients que dans mes projets personnels.
Alors il fallait bien, à un moment, changer d’angle. Prendre de la hauteur, fuir l’oppression du bitume pour révéler cette rue autrement. Monter sur un toit, ici, c’est tout un art. Ceux qui connaissent les villes millénaires du Rajasthan le savent : accéder aux hauteurs demande de la diplomatie, parfois même de franchir le seuil d’une habitation.
Mais là-haut, tout s’apaise. Le tumulte s’efface. Le grand paradoxe indien : l’énergie ne baisse pas, mais la tension disparaît. De ce promontoire improvisé, libre à moi de recomposer le chaos, d’offrir une version nouvelle du monde d’en bas.
Quand tout s’aligne imparfaitement
Le moment propice surgit, presque offert. Six silhouettes avancent, toutes dans la même direction, ignorantes les unes des autres. Vues de dessus, elles deviennent figurines. Des personnages de Légo que l’on aurait posés là, dans cet alignement imparfait.
Les lignes. Celles des scooters garés en parallèle, celles des câbles tendus entre les immeubles, qui découpent la scène en strates. Tout semble obéir à un ordre inattendu. Même le béton fissuré participe à la composition. La rue reprend son souffle. À travers l’objectif, ce chaos devient géométrie, comme une partition où chaque passant, chaque objet, trouve sa place dans la mélodie.