Les écailles du temps et de la Terre

Ce diptyque met face à face la beauté brute du minéral vivant et le charme qu’ont les marques du temps sur la matière humaine.

Les écailles de la Terre – une vue aérienne captée au drone – nous plonge dans l’effervescence du site géothermique de Hverir, en Islande. Il nous offre un accès direct aux entrailles de la Terre. On peut approcher des bassins de boue qui palpite lentement, à grosses bulles visqueuses. On y respire les fumerolles brûlantes sulfurées qui s’échappent de cratères miniatures. Les dépôts de gaz sulfurique colorent le paysage de bleus profonds, de gris argentés et de jaunes incandescents. Le lieu est spectaculaire et atteste du métabolisme scabreux et prodigieux de notre planète. C’est un théâtre des origines où la matière se crée et se défait sous nos yeux.

Les écailles du temps – photo prise dans le sud du Portugal – trahit l’écriture lente mais graphique du temps sur la façade d’une petite maison de centre ville. Elle se laisse grignoter par les années et expose sans pudeur ses couches les plus intimes. L’indéfectible décrépitude parsème le mur de teintes chaudes, ocres, jaune safran qui se mêlent à la fraîcheur des bleus acier, bleu pétrole et bleu ciel fané. La texture craquelée du mur évoque une peau écaillée, usée, rugueuse et marquée le soleil, le vent et l’abandon.