Il est 6h du matin sur la base navale de Brest. L’air est frais, le ciel se teinte de bleu acier, et déjà l’activité s’intensifie autour de la grue portuaire n°38. J’ai la chance – et le défi – d’être là pour immortaliser la dernière étape d’un chantier d’envergure pour notre client, Baudin Chateauneuf. Par expérience, je sais que ce genre de mission ne laisse pas de place à l’improvisation.
Un projet signé Baudin Chateauneuf
Ce jour-là, je couvre une opération spectaculaire menée par l’agence Baudin Chateauneuf de Nantes. Leur mission ? Remettre à niveau cette grue monumentale de 1985 : rénovation mécanique complète, nouveau câblage électrique, et réparation de la flèche de 70 mètres. Rien que ça. Les armoires électriques ont été fabriquées à Saint-Herblain, dans l’agence BC Atlantique. Sur place, tout le monde est concentré. La préparation dure depuis plusieurs jours.
Je suis là pour capter l’instant crucial : la pose de la nouvelle flèche. Trois grues Mediaco sont mobilisées, une quinzaine de personnes s’activnt. L’adrénaline est palpable. Tout doit s’aligner, au millimètre près.
L’exigence d’un site sensible
Photographier sur un site militaire comme l’arsenal de Brest impose des règles strictes. Chaque image passe par l’œil vigilant de l’officier de communication. Aucun droit à l’erreur. Un sous-marin nucléaire, aperçu au loin, doit rester invisible. À la moindre ambiguïté, on supprime.
Heureusement, le dialogue reste fluide. Avant notre départ, nous faisons le point avec l’officier : ce qui est publiable, ce qui ne l’est pas. C’est une gymnastique constante entre création et discrétion.
Une expérience vertigineuse
Pour capturer la scène, je grimpe jusqu’au sommet de la grue : 35 mètres de haut, vue plongeante sur l’ensemble de la manœuvre. Là-haut, le vent souffle fort et chaque pas compte. Pendant ce temps, Matthieu, mon collègue, photographie depuis un bateau. Il a le vertige, alors il documente l’opération depuis la mer, avec un regard plus large. À deux, nous racontons l’ampleur de ce moment.
Être photographe chantier naval, c’est ça : conjuguer technicité, timing, sécurité et sensibilité visuelle. Il faut traduire en images la complexité d’un environnement, sans jamais en compromettre la confidentialité.
Une mission passionnante
À l’agence, nous aimons ces défis qui nous obligent à sortir de notre zone de confort et nous adapter à des contextes hors normes. Celui de Brest en est un bel exemple : exigeant, visuellement saisissant, humainement dense. Impossible de le raconter uniquement avec des mots. Alors, nous avons composé une série d’images au plus près du rythme, de la tension, et des gestes qui donnent vie à l’acier.